Madère : l’île la plus impressionnante d’Europe ?

Le « Hawaï de l’Europe », la « perle de l’Atlantique », « l’île au printemps éternel », « l’île aux fleurs »... Il ne manque pas de surnoms pour qualifier ce petit bout de terre sur lequel nous avons posé nos valises pour une semaine. Madère, une île que je rêve de visiter depuis des années. Nous avons profité de quelques jours de congé accordés par nos employeurs pour notre pacs, et de billets d’avion globalement abordables, pour visiter cette confetti de 800 km², perdue au milieu de l’océan, géographiquement en Afrique, mais officiellement dans l’Union européenne.

Et n’importe quel voyage à Madère commence par l’aéroport Cristiano Ronaldo, réputé comme l’un des plus dangereux au monde. La piste a été rallongée il y a quelques décennies grâce à d’immenses colonnes de soutien, permettant de rendre l’atterrissage moins périlleux. Les pilotes sont quant à eux spécifiquement formés pour se poser là, mais le moment n’en reste pas moins très impressionnant à vivre de l’intérieur.

Comme lors de notre voyage à Madère, nous rencontrons des difficultés avec notre location de voiture. Cette fois-ci pourtant, nous avons bien fait la réservation avec une carte de crédit, mais ayant dû faire opposition entre temps, nous ne présentons pas exactement la même au comptoir (mais même nom et reliée au même compte…). Nous perdons ainsi deux heures et 200€ afin d’effectuer une nouvelle réservation, devons nous rendre à l’agence du centre-ville mais pouvons enfin récupérer notre bolide. Je vous encourage donc à toujours bien lire les petites lignes dans vos contrats de location, et à vous assurer que tout est en règle pour limiter ce genre de galères.

Les « miradouro », des sentinelles sur la mer

Nous prenons la route pour découvrir le Mirador de Pinaculo. Un point de vue extraordinaire sur Funchal. Le panorama est exceptionnel, mais il n’est pas vraiment facile de stationner. Nous squattons le parking d’un hôtel légèrement en contrebas, bien conscients que nous n’avons pas trop le droit de nous y garer.

Nous reprenons ensuite la route en direction de la statue du Christ Roi, inaugurée en 1927 et construite par le sculpteur français Georges Serraz. Elle rappelle fortement le Christ Rédempteur de Rio au Brésil. Quelques marches permettent de descendre et d’avancer sur un fin bras de terre. La vue sur la mer, la statue et Funchal en toile de fond est vraiment sympathique. Nous profitons d’être dans ce secteur pour manger dans un petit restaurant appelé O Tasco D’António, et que nous avons trouvé très bon.

Il est déjà tard dans l’après-midi et reprenons la route pour visiter Porto Da Cruz, un petit village de pêcheurs niché entre d’immenses falaises qui tombent à pic dans l’océan. Les plages de galets noirs nous font penser aux paysages du nord de l’Europe, et notamment aux îles Lofoten que j’ai visité en septembre 2024. La beauté de la scène est renforcée par le brouillard et les énormes nuages gris : c’est tout simplement impressionnant, et c’est que nous sommes venus chercher à Madère.

Nous nous baladons là un moment, avant de rejoindre la ville de Caniçal décrite dans le guide papier comme « construite trop vite sans goût, ni charme ». Je ne sais pas pourquoi nous l’avions mis dans notre to-see-list, mais en effet notre courte visite pluvieuse confirme les impressions de l’auteur du livre.

Où loger à Madère ?

Notre première journée touche à sa fin, et nous rejoignons notre logement. Nous nous trompons d’adresse mais découvrons le secteur du Miradouro de São Cristovão : à couper le souffle. Le qualificatif est aussi tout à fait approprié pour notre Airbnb et sa vue sur la mer et les falaises. Nous ne pouvons que vous conseiller de le réserver si vous avez envie de dormir dans le nord de Madère. Mais le nord n’est peut-être pas fait pour vous…

Voici les endroits conseillés pour vous loger selon vos envies :

  • Funchal : idéal si vous venez pour la première fois. C’est la capitale, vivante, pratique, avec plein de restos, de musées et de départs d’excursions. Vous y trouverez aussi de bons hôtels avec vue mer. Parfait pour un séjour sans voiture. C’est aussi l’un des endroits les plus ensoleillés de l’île !
  • Calheta (sud-ouest) : si vous cherchez du soleil, du calme, une plage (rare à Madère) et un point de départ idéal pour explorer l’ouest de l’île. C’est l’un des coins les plus doux en hiver.
  • Santana ou São Vicente (nord) : pour une ambiance plus rurale et sauvage. Idéal si vous aimez la randonnée, les paysages brumeux et les forêts de lauriers. C’est aussi plus frais et plus vert.
  • Ponta do Sol ou Jardim do Mar : pour les voyageurs en quête d’authenticité, de surf ou de petits villages plein de charme.

👉 Mon conseil : si vous restez plus d’une semaine, ou si vous ne voulez pas faire trop de route tous les jours, divisez votre séjour en deux logements différents : un à Funchal ou Calheta pour explorer le sud et l’est, puis un autre vers le nord ou l’ouest pour les randos et les coins moins touristiques.

Miradouro do Pico do Facho et Funchal

Nous partons découvrir le Miradouro do Pico do Facho, et sa vue imprenable sur l’aéroport de Funchal. De nombreux voyageurs et passionnés d’avions viennent ici pour observer la piste réputée comme l’une des plus dangereuses au monde. Ici la route est étroite et le parking guère plus praticable mais nous arrivons parmi les premiers et observons quelques atterrissages et décollages d’avion. Manque de bol pour nous, ce jour les atterrissages se font dans le « mauvais » sens et nous voyons mal le moment où les avions posent les roues.

Nous reprenons la voiture et nous nous dirigeons vers la capitale de l’île, Funchal. Nous découvrons à pied le centre-ville : la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, le quartier Santa Maria et son street art, le marché des travailleurs et son style art-deco, la forteresse qui protège la ville des pirates et corsair depuis le début du 17e siècle… Ce n’est pas un immense coup de cœur mais la ville est tout de même agréable et à taille humaine. Nous déjeunons chez ComTradições, restaurant de spécialités de Madère.

L’après-midi, nous embarquons dans le téléphérique qui nous transporte jusqu’aux hauteurs de Funchal. La vue sur la ville est à couper le souffle, parfois un peu flippante, mais pas autant que le prix (20€ A/R/personne). Une fois arrivés en haut, nous découvrons le jardin tropical. Autrefois luxueuse résidence d’un consul anglais, puis hôtel de prestige au XIXe siècle, il abrite aujourd’hui des œuvres d’art et une collection botanique impressionnante. Nous y découvrons la partie asiatique, observons les descentes en paniers, attraction touristique majeure ici, observons les flamands roses et nous reposons quelques instants à la terrasse du café.

Dans le coin, le jardin botanique est également recommandé, mais par manque de temps nous faisons l’impasse. Nous redescendons en centre-ville et embarquons sur un voilier pour une sortie en mer au coucher du soleil. Au programme : observation de cétacés, boissons à volonté et baignade au pied de la plus haute falaise d’Europe, Cap Girão. Nous voyons des dauphins, brièvement mais très distinctement. Puis l’équipage insiste pour que nous piquions une tête. Il fait froid, il y a du vent, l’eau n’est qu’à 21°C et avons oublié nos maillots : pour rien au monde nous le ferions mais d’autres se laissent tenter. Le coucher de soleil, sur le retour, est sublime. Une fois débarqués, nous nous dirigeons vers le restaurant italien Sabores de Itàlia avant de rentrer à notre logement.

La célèbre Levada des 25 fontes

Pour ce troisième jour à Madère, nous décidons de prendre la route en direction du centre de l’île. C’est la partie montagneuse. Au bout d’une heure, dont une grande partie consacrée à des virages en épingle et un paysage plongé dans le brouillard, nous arrivons sur un parking déjà bien plein. C’est le départ de la randonnée des Levada des 25 fontes, la plus connue de Madère. Elle suite des « levadas », des canaux d’irrigation typiques de l’île, construits à partir du XVe siècle pour acheminer l’eau depuis les zones humides du nord montagneux vers les terres agricoles plus sèches du sud. Longs de plusieurs centaines de kilomètres, ils serpentent à flanc de montagne, à travers forêts, tunnels et falaises. Ils formant aujourd’hui un réseau de sentiers de randonnée exceptionnel.

La première partie de la balade, le long d’une route, n’est pas si intéressante, bien qu’elle offre quelques points de vue sympathiques sur les montagnes environnantes. La vraie randonnée débute avec une volée de marches qui descendent vers un sentier plutôt plat, dans le sous-bois. Cette randonnée étant la plus connue, il y a tout de même pas mal de monde, et s’y croiser nécessite parfois de rentrer le ventre.

Nous déjeunons non loin de là au restaurant Calheta Green, un peu cher pour Madère mais délicieux. Au menu : empanadas en entrée, saumon grillé pour Anaïs et une brochette de bœuf immense, spécialité du coin, pour ma part. L’après-midi, nous prenons la route direction Cap Girão, l’imposante falaise haute de 580 mètres qui surplombe la mer. La veille, nous étions en bateau juste dessous, là nous découvrons la vertigineuse vue à travers le plancher de verre.

Nous allons ensuite nous balader à Câmara de Lobos, charmant village de pêcheurs sur la côte sud de l’île. Il fait beau, les maisons colorées près du port, sont plutôt mignonnes. C’est là que Winston Churchill adorait séjourner et peindre. Une statue de l’homme trône d’ailleurs près de la mer.

Ribeira da Janela et forêt de Fanal

Ce matin, je me lève tôt, seul, pour aller photographier le lever de soleil. Je pars à 6 heures et rejoins Ribeira da Janela et sa plage, pour voir les rochers qui s’élèvent plusieurs dizaines de mètres au-dessus de l’océan. Malheureusement le soleil n’est vraiment pas au rendez-vous mais j’en profite pour faire quelques photos en pose longue et pour faire voler le drone.

Après être passé chercher Anaïs, nous partons pour la forêt de Fanal. Située dans les hauteurs de la côte nord de Madère, c’est l’un des joyaux naturels de l’île. Elle fait partie de la laurisilva, une forêt subtropicale ancienne classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ici, poussent des lauriers centenaires aux formes tortueuses, souvent enveloppés de brume. Le paysage est censé être irréel, un peu mystérieux… Mais la brume n’est pas là et sous un grand soleil, l’atmosphère est différente. C’est joli quand même et nous nous baladons entre les vaches.

Nous redescendons vers Porto Moniz, petite ville au bord de l’océan, connue pour ses piscines naturelles. Ça ne nous tente pas, les gens ont d’ailleurs l’air de bien de geler. Nous nous baladons un peu et déjeunons là (celui que nous avons choisi ne nous a pas satisfaits, nous n’avons donc pas de recommandation !).

Après manger, nous visitons le village de Seixal, un petit village côtier du nord de Madère, connu pour sa plage de sable noir volcanique, l’une des rares de l’île. Entouré de falaises verdoyantes et battu par l’océan Atlantique, il offre un cadre spectaculaire. On y trouve aussi des piscines naturelles.

Nous rentrons en fin d’après-midi, nous nous posons quelques heures avant de ressortir pour aller observer le coucher du soleil au Pico Ruivo. Nous sommes un peu inquiets car dans le secteur de notre logement le ciel est très gris. Mais à mesure que notre voiture grimpe dans la montagne, le ciel se dégage, et c’est finalement un sublime coucher de soleil, au-dessus d’une mer de nuages, que nous observons !

La pointe de São Lourenço : un paysage de bout du monde

Nous n’avions pas pu découvrir plus tôt la pointe de São Lourenço (Saint Laurent) avant, c’est donc pour aujourd’hui ! La Ponta de São Lourenço est située à l’extrémité est de Madère. C’est une péninsule aride et rocheuse qui contraste fortement avec le reste de l’île verdoyante. Battue par les vents et entourée par l’océan des deux côtés, elle offre des paysages spectaculaires, entre falaises déchiquetées, formations volcaniques et vues imprenables sur l’Atlantique. Ce site protégé abrite une flore unique et constitue l’un des plus beaux sentiers de randonnée de Madère. L’aller-retour nous prend 2h30, avec quelques passages compliqués dûs au vide et surtout aux très nombreux autres promeneurs. Pour le réconfort, nous déjeunons dans un très bon restaurant de Caniçal : O Recante.

L’après-midi, nous visitons le parc à thème de Santana. Un endroit difficile à décrire. Il y a un peu de tout, et surtout un grand écart entre l’intention et le résultat. Le lieu se présente comme une plongée dans la culture madérienne, avec différents pavillons thématiques : traditions agricoles, volcans, navigation, forêt primaire… En pratique… Ce n’est vraiment pas ouf, très cheap et carrément désert. Il faut imaginer un Futuroscope avec seulement 2-3 attractions… Et absolument zéro moyen. Mais au second degré, c’est presque réjouissant. Il y a quelque chose de touchant dans cette volonté de bien faire, même si tout sonne un peu faux. Malgré tout, on rigole bien, et pour 12€, il ne faut pas vraiment en demander plus.

Nous rentrons à l’appartement et alors qu’Anaïs décide de se reposer, je longe le chemin qui part de notre Airbnb et qui m’amène un peu plus loin à hauteur du Miradouro da Enseada de Baixo. C’est un joli point de vue sur la vallée et l’océan : j’en profite pour sortir le drone.

Levada Do Rei et Verada dos Balcões

Pour notre dernière journée nous aurions normalement dû visiter les Ilhas Desertas, un petit archipel au large de l’île principale, quasiment inhabité et très protégé. Ces îles abritent des espèces rares comme le phoque moine de Méditerranée (Monachus monachus), l’un des plus menacés au monde. Malheureusement, quelques jours avant, l’organisateur de la sortie nous a informé de l’annulation en raison des mauvaises conditions de navigation. À la place, nous avons donc décidé de nous balader dans la nature.

Après avoir écumé le guide et le site web de Madère, nous avons retenu quelques randonnées faciles (une dizaine de kilomètres et pas ou peu de dénivelé), et décidons de nous lancer sur la Levada Do Rei (PR18). Elle suit un ancien canal d’irrigation à travers une végétation luxuriante. Le départ se situe à São Jorge, dans le nord de l’île, et la promenade traverse une forêt de lauriers classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Au fil de la marche, on longe des parois rocheuses couvertes de mousses, on croise des cascades et on s’immerge dans l’atmosphère humide et féerique de la Laurisilva.

Nous déjeunons dans un petit snack : Quinta Levada do Rei, situé au niveau du départ. Ce n’est pas incroyable et l’accueil est assez glacial. Anaïs prend un burger et je teste la Francinha, une spécialité portugaise originaire de Porto et pour le moins légère. Rencontre entre le croque-monsieur et le welsh, ce plat est composé (tenez vous bien) de pain de mie garni de viande, saucisse, jambon, parfois un steak, le tout recouvert de fromage fondu, d’un œuf au plat et nappé d’une sauce chaude épicée à base de tomate, bière et piment. Perso, même pour moi, c’était trop. Et le mot a beau vouloir dire « petite française », en portugais, je n’y retrouve pas vraiment les saveurs de notre gastronomie.

L’après-midi nous reprenons la voiture pour nous rendre sur l’une des plus courtes et plus faciles randonnées de Madère, la Verada dos Balcões (PR11), longue de 3 kilomètres et présentant un dénivelé positif d’environ 10 mètres. Elle est très agréable, toujours à travers une forêt luxuriante, mais le point de vue final est ce jour-là totalement bouché par le brouillard.

Nous redescendons vers la ville de Seixal, visitée deux jours avant, pour nous rendre sur la plage de sable noire. Nichée entre des falaises abruptes, elle est régulièrement élue comme l’une des plus belles plages d’Europe. Nous n’avons pas envie de nous baigner et préférons nous promener et faire voler le drone.

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