En mai 2025, nous partirons à Madère, petite île portugaise perdue au milieu de l’océan Atlantique. Comme d’habitude, je compte bien tourner un film pour ma chaine YouTube et prendre de nombreuses photos, notamment avec mon drone. Avec ses falaises vertigineuses, ses vallées luxuriantes, ses sommets battus par les nuages et ses villages suspendus au-dessus de l’océan, Madère est semble être un paradis visuel. Nombreux sont les voyageurs qui rêvent de capturer ces paysages à l’aide d’un drone. Mais l’île portugaise, bien que discrète, ne plaisante pas avec les règles. Si vous envisagez d’emmener votre drone à Madère, mieux vaut bien vous préparer. Voici tout ce qu’il faut savoir pour voler dans les règles, en toute sécurité, et surtout, avec respect pour ce territoire unique.
Une réglementation européenne à respecter
Madère, bien qu’éloignée du continent, reste une région autonome du Portugal et, à ce titre, elle est pleinement concernée par la réglementation européenne sur les drones. Depuis 2021, celle-ci s’applique à tous les pays membres de l’Union européenne. Cela signifie que même pour un usage récréatif, vous devrez vous enregistrer en tant que télépilote sur le site de l’Autorité nationale de l’aviation civile portugaise (l’ANAC). L’enregistrement devient obligatoire dès lors que votre drone est équipé d’une caméra, quel que soit son poids. Il ne suffit donc pas d’avoir un drone léger pour être dispensé de cette formalité.
Une fois inscrit, vous recevrez un numéro d’identification de pilote, qui devra être apposé de manière lisible sur votre drone. Si votre appareil pèse plus de 250 grammes, vous devrez en plus suivre une petite formation en ligne, rapide et gratuite, puis passer un test de connaissances de base. Ces démarches sont simples, mais indispensables pour être en règle.
Des zones de vol très encadrées
À Madère, il ne suffit pas d’avoir un drone et de s’être enregistré pour pouvoir voler n’importe où. L’île, bien que petite, est découpée en de nombreuses zones sensibles. Certaines sont strictement interdites, notamment autour de l’aéroport international Cristiano Ronaldo, situé à Funchal. Cette zone de contrôle s’étend sur plusieurs kilomètres et le vol de drone y est totalement proscrit sans autorisation expresse. Survoler un avion en approche n’est évidemment pas une option.
De nombreuses zones naturelles de l’île, classées Natura 2000 ou protégées au titre du parc naturel de Madère, imposent également des restrictions, voire des interdictions de vol. Ces espaces abritent une faune et une flore précieuses, parfois endémiques, que les drones pourraient déranger. Pour voler dans ces zones, il est nécessaire d’obtenir une autorisation spécifique de l’Institut des forêts et de la conservation de la nature (IFCN), un organisme local chargé de la protection de l’environnement.
Les zones habitées sont également interdites. Survoler un village, une terrasse, ou même un sentier très fréquenté, peut constituer une atteinte à la vie privée. Par principe de précaution, il est conseillé de ne jamais faire voler son drone au-dessus des zones urbaines ou des rassemblements de personnes.
Se repérer avant chaque vol
Avant chaque session de vol, il est vivement recommandé de consulter les cartes officielles disponibles sur la plateforme en ligne de l’ANAC. Ces cartes indiquent très clairement les zones interdites, réglementées ou libres. Vous pouvez aussi utiliser l’appli Drone Assist (ou Aloft) en mode international, même si elle n’est pas officielle pour Madère. Si vous avez un doute, mieux vaut contacter les autorités locales plutôt que de prendre un risque. Un simple email à l’IFCN (geral@ifcn.gov.pt) ou à l’ANAC (drones@anac.pt) peut éviter bien des soucis.
En plus de la réglementation, Madère impose des défis techniques aux pilotes. L’île est connue pour son relief abrupt, ses changements météorologiques rapides et ses vents violents, en particulier sur les crêtes et les falaises. Il n’est pas rare que le temps change en quelques minutes, rendant un vol initialement calme totalement instable. Il est donc plus prudent de voler tôt le matin, lorsque l’air est généralement plus calme, et de toujours garder une marge de batterie suffisante pour revenir en cas de rafale imprévue.
Malgré ces contraintes, Madère offre des spots spectaculaires pour les amateurs d’images aériennes. Certains endroits, comme les falaises de Ponta do Pargo, la vallée d’Achadas da Cruz ou les plages sauvages de la côte sud-ouest, permettent de voler sans trop de contraintes, à condition de rester éloigné des habitations. Il faut cependant garder en tête que le drone ne doit jamais quitter votre champ de vision, même brièvement.
En cas d’infraction : les risques sont bien réels
Les autorités portugaises peuvent infliger de lourdes amendes en cas de non-respect des règles. Le vol en zone interdite, le non-enregistrement du pilote ou la mise en danger d’autrui peuvent entraîner des sanctions financières, voire la confiscation du drone. Mieux vaut donc jouer la carte de la prudence, d’autant plus que la réputation des pilotes de drone dépend du comportement de chacun.