Thaïlande : approcher au plus près des éléphants au sanctuaire Baan Mama

Je me réveille juste avant l’aube. Les premières lueurs du jour pointent à l’horizon. Je tourne un peu dans le lit, j’essaie de me rendormir, en vain. Fichu décalage horaires. Moi qui suis habituellement insensible aux plaisanteries de mon rythme circadien, j’en fais ce matin les frais. Finalement, je me lève. Il est 5h45, je prends mon appareil, j’enfile un short, et je sors. Nous sommes arrivés la veille, en fin de journée, dans les environs de Kanchanaburi pour une aventure dans un sanctuaire éthique pour éléphants : Baan Mama.

Le sanctuaire dort encore. Seuls les chiens veillent. À peine me voient-ils arriver qu’ils s’agitent. Les oiseaux commencent à chanter, et une brume épaisse flotte sur la rivière Kwaï. Tout est paisible, flou, presque irréel. L’eau est immobile. Les aigrettes découpent le ciel du matin dans un ballet parfait. À ce moment précis, j’ai l’impression que tout m’appartient. Le monde, le silence, la lumière.

Un matin au sanctuaire Baan Mama

Un peu avant 8h, le sanctuaire Baan Mama s’éveille. Une grande table en bois, des crêpes encore chaudes, du pain grillé, du café, et des voix françaises autour. Ici, c’est un petit cocon francophone dans la jungle thaïlandaise. On parle doucement, encore imprégnés de la douceur du réveil. Puis vient le moment de retrouver les stars du lieu : Tao et Punssap. Deux éléphantes immenses, lentes, tranquilles. La première activité de la journée : les nourrir. Des dizaines de kilos de bananes, qu’elles avalent sans même mâcher. On les regarde faire avec un mélange de fascination et d’amusement.

Marjo nous accompagne pour une balade à côté des éléphants. Elle vit ici avec son mari et gère le sanctuaire depuis quelques mois. Elle nous raconte l’histoire du lieu, et surtout celle de Mama, la fondatrice. Une Belge passionnée d’éléphants, qui a décidé de créer un lieu à part. Un sanctuaire éthique, où les animaux ne sont ni exploités, ni contraints. Ici, les éléphants se reposent, mangent (beaucoup), réapprennent la lenteur, après une vie de labeur. Ici, les éléphantes sont libres une très grande partie de la journée : pas de corde, pas de cornac autoritaire. On les suit à distance, elles font leur vie.

Eléphant : une condition difficile

En Thaïlande, la vie d’un éléphant n’est pas toujours synonyme de jungle et de liberté. Longtemps utilisés comme animaux de trait dans l’industrie forestière, ils ont été massivement reconvertis dans le tourisme. Balades à dos d’éléphant, spectacles de cirque, peintures « réalisées » à la trompe… derrière les images exotiques, la réalité est souvent brutale. Dès leur plus jeune âge, ces animaux subissent le phajaan, un rituel violent destiné à briser leur esprit pour les rendre obéissants. La plupart vivent enchaînés, parfois privés de nourriture ou battus.

Baan Mama s’inscrit à contre-courant de cette logique. Ici, aucun dressage. Aucune contrainte. Juste du soin, de la patience et du respect. Tao et Punssap ont toutes deux connu cette autre vie. Elles ont travaillé, longtemps. Aujourd’hui, elles soufflent enfin. En début d’après-midi, les éléphants repartent dans le champ, à leur rythme. Nous, on s’allonge dans l’herbe. On joue au UNO avec les mahouts, qui surveillent d’un œil les pachydermes. L’ambiance est douce, familiale. Le vent fait onduler les herbes hautes. Tout semble suspendu.

La rivière Kwaï comme décor

Et puis, en fin de journée, vient le moment du bain. On guide Tao et Punssap vers la rivière. Elles entrent dans l’eau l’une après l’autre. Parfois elles n’ont pas envie, et dans ce cas, on n’insiste pas. Ce soir, elles semblent partantes. On entre dans l’eau à notre tour. Le contact est impressionnant. Elles sont immenses, chaudes, vivantes. Je les caresse sous l’eau. Elles ferment les yeux. Moi aussi.

En fin de journée, on emprunte un kayak avec Anaïs. On part, à deux, sur la rivière Kwaï. Le soleil descend doucement. La lumière devient orangée, presque dorée. Les arbres se reflètent dans l’eau. On regarde. On écoute. On garde tout ça pour plus tard, avec cette sensation de toucher quelque chose d’essentiel, de simple. Quelque chose de juste.

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